L'histoire des Boulanger et des Langlois

En passant par les Paul et les Blais. De la Nouvelle-France à aujourd'hui.


Les sept enfants de Georges Boulanger et de Délia Pratte – Wellesse Boulanger (III/III)

Troisième et dernière partie de la série d’articles sur les sept enfants de Georges Boulanger et de Délia Pratte à Ham-Nord. Ce sont mes arrière-arrière-grands-parents chez les Boulanger. Père et mère de Wellesse Boulanger, mon arrière-grand-père. Ils sont enterrés dans le cimetière des Saints-Anges de Ham-Nord. Elle, morte en 1910. Lui, mort en 1923.

Cette troisième partie poursuit ma recherche sur leurs sept enfants. La recherche n’a pas été des plus simples puisque la très grande majorité d’entre eux, sauf peut-être uniquement mon arrière-grand-père Wellesse, se sont faits américains et ont essentiellement fait leur vie en Nouvelle-Angleterre. Cette dernière partie nous parle du cadet de cette famille, Wellesse Boulanger, mon arrière-grand-père.

Wellesse Boulanger

Le cadet de la famille était donc mon arrière-grand-père Wellesse Boulanger. Né le 1 octobre 1884 et baptisé le 3 octobre selon les registres. Son séjour à Ham-Nord sera limité à son enfance et au début de leur mariage. Il mariera Rose-Anna Delina Paquet (ou Paquette car l’orthographe variera au cours de sa vie dans les registres officiels) le 13 mai 1907 à La Patrie. Au moment de leur mariage, Wellesse avait 22 ans et Rose-Anna en avait 19, étant née en avril 1888. Les parents de Rose-Anna venaient également de Ham-Nord. C’est d’ailleurs là que Rose-Anna est née. Son père était Stanislas Paquette fils (mort à Coaticook en 1921) et sa mère Olive Comtois (morte également à Coaticook deux ans plus tard en 1923).

Cette famille Paquette venait de Saint-Nicolas, près de Québec lors de la génération précédente. Les parents de Rose-Anna vivaient donc à Ham-Nord au moment de sa naissance mais ils déménageront à Ditton (qui fusionnera officiellement avec La Patrie en 1997). Le recensement canadien de 1901 les positionne dans cette petite région en voie de colonisation près de la frontière américaine alors qu’elle était adolescente à l’âge de 13 ans.

Acte de mariage de Wellesse Boulanger et de Rose-Anna Paquette le 13 mai 1907 dans la paroisse Saint-Pierre de La Patrie.

Même si le mariage a eu lieu à La Patrie, le couple ne s’y installe pas tout de suite. C’est en suivant la naissance de leurs onze enfants que l’on pourra déceler le moment de ce déménagement, soit entre la naissance de Léopold en mai 1911 à Ham-Nord et celle de Laurier à La Patrie en 1912.

Les premiers enfants du couple

Omer – mon grand-père – était donc l’aîné de la famille, né dès l’année suivant le mariage, soit le 25 avril 1908. On peut voir ci-dessous son acte de baptême tiré des registres de la paroisse des Saints-Anges de Ham-Nord. Les grands-parents d’Omer – Georges Boulanger et Délia Pratte sont parrain et marraine. Wellesse y est déjà cultivateur, tout comme son père Georges.

Acte de baptême d’Omer Boulanger le 25 avril 1908, né le même jour.

Suivra ensuite Rose-Alma le 13 avril 1909 toujours à Ham-Nord. Elle deviendra religieuse.

Impressionnante photo. Soeur Rosa-Alma Boulanger, au début des années 1930, religieuse chez les Soeurs de la charité, tout comme sa soeur cadette, Soeur Jeanne. Source: Archives personnelles de Jeanne Boulanger.

Léopold Boulanger sera le troisième de la famille en naissant le 3 mai 1911, le dernier à naître à Ham-Nord. Suivant le déménagement à La Patrie, quelque part donc entre mai 1911 et décembre 1912, Laurier y naîtra comme ses autres frères et soeurs qui suivront ensuite. Laurier René naîtra le 17 décembre 1912. Suivra ensuite Élianne le 17 septembre 1914 qui deviendra également religieuse.

Adalbert et Adrien

Deux autres naissances ont ensuite laissé peu de traces. Tout d’abord Adalbert, né le 14 septembre 1916 mais décédé en bas âge, le 7 juin 1918 à l’âge de 21 mois.

Acte de sépulture d’Adalbert Boulanger, fils de Wellesse et de Rose-Anna, décédé le 7 juin 1918. Inhumé au cimetière Saint-Pierre de La Patrie, comme la pierre tombale de la famille plus bas le confirmera.

La deuxième naissance à avoir laissé peu de traces sera celle d’Adrien, né le 3 septembre 1919 et décédé le 19 février 1921, à l’âge de 18 mois comme le relate son acte de décès dans les registres de la paroisse de La Patrie. Il est aussi inhumé dans le lot familial du cimetière local.

J’inclus ici son acte de baptême puisqu’il y a confusion quant à l’année de sa naissance. Les bases de données de Généalogie du Québec et d’Amérique française indiquent une naissance le 3 septembre 1918, information reprise dans l’encadrement-souvenir de la famille Boulanger que Jeanne avait offert à tout le monde quelques années avant de mourir. Cette même information est reprise également sur la pierre tombale de la famille comme on pourra le voir plus bas. Or, quand j’ai consulté son acte de sépulture daté de février 1921, on indique qu’il est décédé à l’âge de 18 mois, ce qui n’est pas logique en fonction d’une date de naissance en 1918. Je suis donc retourné à la source et son acte de baptême reproduit juste ci-bas provient des registres de 1919 de la paroisse, et non ceux de 1918. Il est donc né le 3 septembre 1919 et décédé à l’âge de 18 mois, le 19 février 1921.

Acte de baptême d’Adrien Boulanger, né en 1919 et décédé à l’âge de 18 mois, le 19 février 1921.

Parmi les personnes vivantes encore aujourd’hui, il ne reste aucun souvenir passé d’une génération à l’autre qui pourrait nous guider sur la cause de décès en bas âge d’Adalbert et d’Adrien. Par contre, comme je l’ai déjà expliqué chez les Langlois qui avaient vu six enfants mourir en bas âge dans une même famille au début du 20e siècle, soit exactement à la même époque, le taux de mortalité infantile durant ces années avait atteint des sommets inquiétants, plus importants encore à Montréal et à Québec mais pas dans les mêmes proportions dans les régions ou dans les zones rurales bien que le phénomène restait important quand même.

La cause principale de ces décès était souvent attribuée à des conditions d’hygiène insuffisantes, particulièrement au niveau de la consommation de l’eau et de lait. La pasteurisation du lait suivra graduellement peu après et contribuera à une amélioration des conditions sanitaires et une diminution importante des taux de mortalités chez les jeunes enfants. On ne fait que spéculer ici pour la famille Boulanger mais cette situation pourrait expliquer ces décès prématurés car c’était un phénomène courant dans beaucoup de familles durant cette période. Il faut noter également que dans le cas d’Adalbert, sa mort est survenue en 1918 au plus fort de la grippe espagnole qui avait fait des ravages partout dans le monde au sortir de la première guerre mondiale, et la région des Cantons-de-l’Est n’avait pas été épargnée.

En l’absence de toute information probante à ce sujet, les gens dans la famille mentionnent souvent la grippe espagnole pour expliquer potentiellement ces deux décès. Par contre, en analysant plus attentivement l’évolution de cette crise sanitaire mondiale, il est peu probable que la grippe espagnole ait été la cause du décès d’Adalbert ou d’Adrien.

Adalbert est décédé en juin 1918. Or, l’épidémie n’atteint l’Europe en s’y répandant très rapidement uniquement en octobre de la même année et est passée du stage d’épidémie à pandémie plus tard le même mois. De ce côté-ci de l’Atlantique, les premiers cas sont signalés dans la région de Boston seulement aux environs du 15 septembre. Une progression très rapide suivra… mais Adalbert est déjà mort depuis presque 4 mois.

Tout comme la récente Covid, le virus a ensuite effectué différentes mutations mais la période de pandémie proprement dite a été relativement courte pour se terminer vers l’été 1919. Le virus a graduellement muté ensuite vers une forme beaucoup moins virulente, de plus en plus associée à la grippe saisonnière. Une fois terminée, la grippe espagnole aurait fait plus de 50 millions de morts à travers le monde, dont la moitié uniquement en Inde et en Chine. Certains parlent même jusqu’à 100 millions. On parle donc de 2.5% à 5% de la population mondiale de l’époque, dépendant si on prend le bas ou le haut de cette fourchette d’estimations.

On en vient donc à Adrien. Il est mort en février 1921. En consultant le site Wikipédia, on note que la pandémie s’est éteinte dans la deuxième moitié de 1919 et que les derniers cas sporadiques de la maladie auraient été répertoriés en Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique en juillet 1921. Il est donc peu probable qu’Adrien soit mort de la grippe espagnole.

Les derniers enfants du couple

Suivront ensuite trois filles qui deviendront elles aussi religieuses durant leur vie adulte – Madeleine, née le 15 août 1921, Jeanne, née le 11 avril 1923, et Lorraine, née le 19 juillet 1925.

Finalement, Colette deviendra la cadette de cette fratrie de 11 enfants en naissant le 27 avril 1932. À noter que sa mère Rose-Anna avait donc 44 ans au moment de la naissance de son dernier enfant.

Un survol rapide de cette génération

Le couple vivra ensuite à La Patrie toute leur vie jusqu’à leur décès. Lui le 17 décembre 1951, à l’âge de 67 ans et elle le 3 mars 1983, à l’âge vénérable de 94 ans. Ils sont tous les deux enterrés dans le cimetière Saint-Pierre de La Patrie. Ils auraient donc eu 11 enfants, dont deux morts en bas âge, Adalbert en 1918 et Adrien en 1921. Cinq des six filles du couple seront religieuses – toutes sauf Colette.

Mon arrière-grand-père Wellesse Boulanger au début du 20e siècle, probablement autour de l’année de son mariage en 1907 alors qu’il avait 22 ans.

Contrairement à ses frères et soeurs, Wellesse n’a pas été tenté par l’aventure américaine. Rien ne l’indique du moins. De Ham-Nord à La Patrie, il y a passé le reste de sa vie, de 1911-1912 jusqu’à sa mort en 1951. Selon mon père Camille, non seulement il a bénéficié d’une terre à La Patrie au début de la colonisation de ce coin de pays – celle que la famille se rappelle – mais il en aurait eu une deuxième, puisque celle où vivait la famille de Laurier, fils de Wellesse et frère de mon grand-père Omer, appartenait aussi à Wellesse de son vivant. Mon père parle même d’une troisième terre, un boisé situé près de la terre familiale, si j’ai bien compris. À explorer plus tard.

La famille de Wellesse Boulanger et de Rose-Anna Paquet(te) au grand complet. On situe cette photo peu de temps avant le décès de Wellesse en 1951. De gauche à droite: Soeur Rose-Alma, Soeur Élianne, Omer, Rose-Anna Paquette, Soeur Lorraine, Wellesse Boulanger, Colette, Laurier, Soeur Madeleine, Léopold et Soeur Jeanne. Source: Archives de Jeanne Boulanger.

Exception faite d’Adrien et d’Adalbert qui sont tous les deux décédés en très bas âge autour des années 1920, Omer fut le suivant à mourir parmi les frères et soeurs. Il meurt relativement jeune le 15 août 1959, à l’âge de 51 ans.

Plus de 25 ans plus tard, Soeur Madeleine sera la prochaine à mourir le 12 septembre 1985 à seulement 64 ans, suivi par Léopold le 23 septembre 1992. Suivront ensuite, l’une après l’autre, Soeur Rosa-Alma et Élianne qui sont tous deux mortes à quelques jours d’intervalle, soit respectivement les 5 et 15 décembre 1994, toutes deux mortes octogénaires. Quant à lui, Laurier décédera le 12 février 2002, à l’âge de 89 ans.

Plus récemment au cours de la dernière décennie, les dernières filles de cette famille mouront à leur tour: Lorraine, le 14 mai 2015 à l’âge de 89 ans, Jeanne le 3 avril 2017 à l’âge de 93 ans et finalement la cadette Colette, qui elle aussi était devenue américaine, sera la dernière à clore l’histoire de cette famille en mourant le 25 octobre 2018, à l’âge de 86 ans.

Je crois que personne n’a vu cette pierre tombale ci-dessous. Il s’agit de la pierre tombale commémorative où apparaît Soeur Lorraine Boulanger dans le cimetière Saint-Antoine-de-Padoue à Longueuil, cimetière de la communauté des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM) à laquelle elle a appartenu toute sa vie d’adulte pendant 66 ans de vie religieuse, à partir du début des années 1950. On pourra voir son nom dans la troisième colonne, quatrième nom à partir du haut avec les années 1925-2015 à droite de son nom.

À noter que Soeur Madeleine qui appartenait à la même communauté religieuse que Soeur Lorraine est inhumée dans le même cimetière de Longueuil. Sa pierre commémorative est celle où apparaissent les décès de 1984 et de 1985. On peut voir son nom dans la dernière colonne, 8e nom à partir du haut où on indique: Sr M. -Jeanne-des-Lys, Madeleine Boulanger, 1921-1985.

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Pierre tombale du lot familial de Wellesse Boulanger et de Rosa-Anna Paquette dans le cimetière de la paroisse Saint-Pierre à La Patrie.

Étant mon arrière-grand-père dans la descendance directe, j’aurai l’occasion de fouiller davantage la famille de Wellesse Boulanger et de Rose-Anna Paquette et leur descendance dans un autre chapitre du livre à venir sur les Boulanger.

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La majorité des informations concernant les sept enfants de Georges et de Délia proviennent des bases de données du site américain Ancestry. Étant donné que la majorité de ces enfants ont eu une vie américaine, les bases de données québécoises sont incomplètes et donc, peu utiles.

Interrogé au sujet de cette famille, mon père âgé de 92 ans n’a absolument aucun souvenir de ces frères et soeurs de son grand-père Wellesse. Mon père étant né en 1931 et Wellesse étant décédé en 1951, rien dans les discussions familiales laissaient entendre l’existence de grands-oncles ou de grandes-tantes dans les environs, ou encore au Québec ou ailleurs. À l’exception des informations concernant son grand-père Wellesse, toutes les informations retracées au cours des dernières semaines à travers les trois articles que j’ai publié sur ce site lui étaient inconnues jusqu’à aujourd’hui.

On peut donc présumer que ces familles qui ont émigré vers la Nouvelle-Angleterre à la fin du 19e et au début du 20e siècle, s’y sont bien implantées et que les liens avec Wellesse, qui était le seul au Québec après la mort de leur mère en 1910 et celle de leur père en 1923, étaient rares. Peut-être que la génération qui a précédé celle de mon père – celle des cinq soeurs de mon grand-père Omer qui sont devenues religieuses – auraient pu nous en dire davantage si elles étaient encore vivantes.

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