L'histoire des Boulanger et des Langlois

En passant par les Paul et les Blais. De la Nouvelle-France à aujourd'hui.


Les Filles du Roy, c’est quoi ?

Extraits modifiés du chapitre Qui sont ces Filles du Roy ?

C’est là que tout commence. C’est une portion centrale de notre histoire. Sans elles, nous ne serions pas là aujourd’hui.

C’est le Roi de France – Louis XIV, dit le Roi Soleil – qui en 1663 décide de ‘’parrainer’’ des femmes ‘’disponibles’’, c’est-à-dire des femmes veuves ou célibataires, pour aller peupler la nouvelle colonie. Le peuplement de la Nouvelle-France est jusqu’alors un échec majeur. Le climat rude de l’autre côté de l’Atlantique et les conditions sanitaires du temps font en sorte que les efforts à date ne s’avèrent pas très efficaces. Une bonne partie des volontaires à l’exil meurent en route ou encore ne peuvent s’acclimater aux conditions du nouveau territoire, trop sauvage et rude, et décident tout simplement de retourner en France. Louis XIV décide alors de ‘’sélectionner’’ des jeunes femmes pour accélérer le peuplement de la colonie qui n’est en aucune façon comparable à ce qu’ont réussi les Anglais pendant la même période. De l’aide est donc nécessaire de façon urgente en regardant froidement les données du recensement. En 1666, la proportion hommes-femmes en Nouvelle-France est de 14 hommes pour chaque femme ! On s’interroge avec raison sur la viabilité à long terme du nouveau territoire à moins qu’un changement drastique ne se produise.

Le programme de Louis XIV est vite mis en place et durera 10 ans, soit de 1663 à 1673. C’est Jean-Baptiste Colbert, souvent associé à notre colonie et le plus important ‘’ministre’’ de Louis XIV, qui fut chargé de la mise en œuvre de cette politique. On peut noter son implication personnelle tout au long de ces années. De ce côté-ci de l’Atlantique, c’est l’Intendant Talon qui sera le principal interlocuteur de Colbert pour l’assister.

Environ la moitié du ‘’contingent’’ total d’environ 760 femmes sera concentrée entre les années 1669 et 1671. Cette concentration au cours de ces trois années serait explicable par le besoin de femmes encore plus grand à ce moment précis. Il y avait l’impact du régiment de Carignan-Salières que le Roi de France avait mobilisé et envoyé en Nouvelle-France pour réduire la menace iroquoise. Un traité de paix avec les Iroquois est signé en juillet 1667 après deux années de cette mobilisation. À la suite de cet accord, le régiment n’était plus nécessaire. On a donc démobilisé les 1,300 soldats de ce régiment en leur donnant le choix de rester dans la colonie plutôt que de retourner en France. Environ 400 ont décidé de rester, ce qui créait un déséquilibre démographique encore plus significatif entre les hommes et les femmes dans la colonie. Cet afflux de femmes qui suivit entre 1669 et 1671 visait à pallier à cette situation particulière.

C’est bien après la fin du programme que le titre ‘’Fille du Roy’’ s’installera dans les mémoires de l’histoire. C’est Marguerite Bourgeois qui a utilisé la première ce terme pour désigner ces Filles désignées par le Roi, et ce près de 25 ans après la fin du programme. Elle s’est d’ailleurs beaucoup impliquée dans l’encadrement de ces jeunes filles dès leur arrivée, plus particulièrement du côté de Ville-Marie, qui deviendra Montréal plus tard.

Mais comment définit-on précisément une Fille du Roy dans notre histoire ? Simplement, une immigrante de la France vers la Nouvelle-France, veuve ou célibataire, venue au Canada entre 1663 et 1673, et qui a vraisemblablement bénéficié de l’aide royale dans son transport ou encore son établissement dans la nouvelle colonie.

Le mariage et vite…

Même si j’y reviendrai plus tard avec davantage de détails, il est important de souligner comme entrée en matière deux facteurs importants qui aideront à expliquer la rapidité avec laquelle les mariages se succéderont après chaque arrivée d’un contingent de Filles du Roy, souvent après seulement quelques mois, voire même quelques semaines dans certains cas plus particuliers.

Tout d’abord, on demandait généralement un mariage avant d’accorder aux hommes une concession de terres à défricher et à cultiver. C’était donc un incitatif des plus alléchants d’autant plus que l’on ne retrouvait pas cette générosité en France, les terres étant déjà attribuées. De plus, ce droit à la terre incluait également le droit de pêcher et de chasser sur sa terre. Un élément important pour assurer sa survie dans ces terres sauvages. Pour finir, on permettait le transfert de leur terre à leurs enfants après leur mort, ce qui assurait le transfert de ces bénéfices d’une génération à l’autre. Sans pouvoir posséder une terre avant le programme des Filles du Roy, plusieurs colons retournaient tout simplement en France à défaut de pouvoir trouver femme à marier devant la ‘’pénurie’’ de candidates.

Un autre facteur expliquait la rapidité des mariages. Les autorités exerçaient une pression voulue. A cette même époque, un arrêt est émis en 1670 qui disait ce qui suit :

‘’Tous compagnons volontaires et autres personnes qui sont en âge d’entrer dans le mariage, de se marier quinze jours après l’arrivée des navires qui apportent des filles sous peine d’être privés de la liberté de toute sorte de chasse, pêche et traite avec les sauvages’’.

Cet arrêt sera reconduit en 1671. Une pression certainement efficace. Une analyse historique révèlera plus tard que les mariages se sont déroulés en général moins de cinq mois suivant l’arrivée en Nouvelle-France. Dans environ 40% des cas, on parle même de deux mois.

Une pression directe donc, à la fois du côté des hommes et du côté des femmes, a créé cet état d’urgence à se marier. On dit que très peu de filles sont restées sur le carreau ou ont décidé de retourner en France.

J’ai procédé à un rapide calcul pour les 3 Filles du Roy de notre famille que nous rencontrerons un peu plus tard dans un autre article. En ce qui les concerne, la durée entre l’arrivée en Nouvelle-France et la célébration du mariage s’établit en moyenne dans une fourchette d’environ 3 mois (entre 2 mois et demi et 4 mois).

Marie de l’Incarnation, qui fut fondatrice des Ursulines de la Nouvelle-France et qui fut récemment canonisée par le pape François, va décrire cette précipitation au mariage :

‘’Les vaisseaux ne sont pas plus tôt arrivés que les jeunes hommes y vont chercher des femmes, et dans le plus grand nombre des uns et des autres on les marie par trentaines. Les plus avisés commencent à faire une habitation un an devant que de se marier, parce que ceux qui ont une habitation trouvent un meilleur parti ; c’est la première chose dont les filles s’informent, et elles le font sagement, parce que ceux qui ne sont point établis souffrent beaucoup avant que d’être à leur aise.’’

On comprend donc que ce n’était pas une époque favorable aux longues fréquentations, ni à l’attente romantique d’un coup de foudre avant de s’engager. Davantage la rapide multiplication en série d’un résultat désiré en haut lieu.

Photo d’archives: Photo d’une toile d’Eleanor Fortescue Brickdale, L’arrivée des Filles du Roy à Québec, Bibliothèque et archives nationales du Canada



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